mercredi 16 décembre 2009

Journaflics et médias : Les raisons d’une inimitié

"Les médias sont partie intégrante de la domination. Tout comme cette dernière, ils font participer, ils excluent, ils récupèrent et ils répriment en même temps. Ils font participer. Tout le monde doit croire que la seule réalité est celle que journaux et télévisions façonnent tous les jours, la réalité de l’Etat et de l’économie. Les médias sont un instrument indispensable pour imposer le consensus. Ils sont la version moderne du mythe, c’est-à-dire la représentation qui unit exploités et exploiteurs. Les médias socialisent les gens.

Ils excluent. Les pensées et les actions hostiles à cette société ne doivent pas apparaître. Il faut les taire, les falsifier ou les rendre incompréhensibles. Les taire quand leur existence est elle-même une attaque contre l’ordre établi. Les falsifier quand ce qu’on ne peut pas taire doit être opportunément reconstruit. Les rendre incompréhensibles quand il est nécessaire d’accorder à la révolte quelques vérités partielles afin que s’en échappe le sens global. Les médias soustraient à tous les sans-pouvoir tout moyen d’expression autonome. L’unilatéralité de l’information est le contraire de la communication entre individus.

Ils récupèrent. Ils invitent à dialoguer avec les institutions, ils créent des porte-parole, ils intègrent toutes les idées et les pratiques subversives, une fois rendues inoffensives, en les séparant de leur contexte, en les faisant consommer sans les vivre, en les étouffant avec l’ennui du déjà-vu.

Ils répriment. Ils collaborent avec la police en dénonçant et calomniant, ils lui préparent le terrain avec des alarmismes opportuns, ils en justifient publiquement l’œuvre. Parfois, ils répriment en donnant raison —ce que quelqu’un appelait “répression laudative”—, c’est-à-dire en présentant comme subversif ce qui ne l’est point, lointain ce qui est au coin de la rue, terminé ce qui vient juste de commencer."

http://cettesemaine.free.fr/cs96.pdf - A partir de la page 28.