samedi 3 avril 2010

Le piquet de grève de la rue du regard évacué

"« Quand les gendarmes sont arrivés, vers 6 h du matin, ça s'est d'abord passé gentiment. Puis ils ont vu qu'on ne voulait pas sortir, alors le chef de la police nous a dit que ça allait se faire par la force. On a été bousculés, il y a eu des coups de pied et de matraque. L'un d'entre nous a eu une jambe cassée. Après, ils ont sorti les gaz lacrymogènes. » Abdalaha et une centaine d'autres travailleurs sans papiers en grève ont été évacués hier matin d'un immeuble de la rue du Regard (6e). Ils étaient environ 250 à occuper les locaux du Fonds d'assurance formation des salariés de l'artisanat du BTP depuis décembre dernier, pour demander leur régularisation.
Après leur expulsion, les grévistes se sont réunis autour du métro Saint-Placide, où de nombreux soutiens associatifs et politiques les ont rejoints. « Ce ne sont pas des chômeurs de fantaisie, a martelé le président socialiste de la région, Jean-Paul Huchon. Ils sont actifs. J'ai appelé le ministre du Travail pour qu'ils soient reçus. Il faut régulariser une grande partie d'entre eux. » Problème : seul un rendez-vous au ministère de l'Immigration leur a d'abord été proposé. « Cette affaire est bien du ressort du ministère du Travail, il s'agit d'un esclavage moderne intolérable, s'indigne la conseillère de Paris Danielle Simonnet (Front de gauche). La situation de ces travailleurs permet aux employeurs de leur verser des salaires très bas. »
« Aucun dossier de régularisation d'une personne se réclamant de ce mouvement n'a été déposé, rétorque la préfecture de police de Paris. Sans doute ne remplissaient-elles pas les conditions permettant de solliciter une admission exceptionnelle au séjour. » Cela fait bondir Olivier Villeret, de la CGT. « Notre position est très claire depuis le début et la préfecture le sait parfaitement, tempête-t-il. Aucun dossier ne sera déposé pour les grévistes, car ce serait les soumettre à l'arbitraire préfectoral. » Hier soir, les sans-papiers et leurs soutiens n'avaient pas quitté le métro Saint-Placide, en attendant une réponse du ministère du Travail"

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