jeudi 22 juillet 2010

Lutte contre la machine à expulser : quand la crim’ traque les colleurs d’affiche

"Retour sur des arrestations à Paris.


Le 22 juin 2008, suite à la révolte déclenchée par la mort d’un des 280
sans-papiers qui y étaient enfermés, le centre de rétention de Vincennes
brûlait.
Onze personnes qui y étaient enfermées furent inculpées pour cette révolte
et cet incendie. Le 25 janvier 2010, leur procès débutait.
Pendant ce procès et les semaines qui l’ont précédé, diverses actions de
solidarité avec les inculpés de Vincennes et plus largement pour la
liberté de circulation et d’installation ont lieu partout en France et
au-delà : collages d’affiches, accrochage de banderolles, balades contre les
expulsions, tags,
occupations d’entreprises participant à la machine à expulser,
projections, débats, concerts, sabotages de banques et d’organismes
dénonçant les sans-papiers, rassemblements devant des centres de rétention
ou des palais de justice…


Le 15 février, quelques jours après la fin du procès, la brigade
criminelle perquisitionne et arrête sept personnes, les interrogeant sur
certaines de ses actions. Elles auraient soi-disant été filmées ou
photographiés (1) à proximité de distributeurs sabotés ou de lieux occupés
ou en train de coller des affiches ou de tenir une banderole lors de
balades contre la machine la machine à expulser. Une des interpellés l’a
sans doute été pour ses contacts téléphoniques. Elle diffuse des SMS pour
alerter des rafles à des dizaines de personnes.
Lors de cette première vague d’arrestations, il y a eu quatre mises en
examen : deux pour dégradation et deux pour dégradation et destruction.
Les quatre mis en examen sont placés sous contrôle judiciaire avec
interdiction de se rencontrer.
Le jeudi 28 mai, un camarade qui était recherché dans le cadre de cette
procédure est interpellé dans la rue. Interrogé sur les mêmes faits que
les autres, il est relâché au bout de 24 heures sans poursuite.
Le mardi 9 juin, cinq nouvelles perquisitions suivies d’interrogatoires,
toujours par la brigade criminelle. Cette fois-ci, il s’agit de deux
occupations qui ont eu lieu le 17 mars, jour du verdict du procès de
Vincennes. Parmi les personnes interpellées, certaines auraient été
filmées par les caméras de surveillance de la RATP dans le métro
Belleville 20 minutes après l’occupation d’agences Bouygues et SNCF
(http://paris.indymedia.org/spip.php?article155) situées à quelques
stations de là. Une autre aurait été suivie par la police et vue en train
d’acheter de la colle… Colle qui selon une analyse scientifique
correspondrait à celle utilisée pour les dégradations commises : des
affiches collées pendant des occupations ! Encore une autre est mise en
cause car ses empreintes digitales auraient été trouvées sur l’une des
dites affiches.
Ces deux dernières personnes sont mises en examen, les autres doivent être
convoquées avec le statut de témoin assisté(2).

Entre ses deux vagues d’arrestations, la brigade criminelle a profité de
plusieurs placements en garde-à-vue (lors d’une ouverture de squat, d’une
diffusion de tracts contre la Croix-Rouge
(http://grenoble.indymedia.org/2010-06-11-outils-contre-la-croix-rouge-pour)
pour interroger les gens sur des actions de solidarité avec les
sans-papiers ou contre les collaborateurs de la machine à expulser
(http://grenoble.indymedia.org/2009-11-20-Recension-de-vautours-qui-se-font).

Depuis quelques années, les services de police font un gros travail de
fichage des gens qui luttent contre les centres de rétention et les rafles
et contre la machine à expulser en général. Ce travail a notamment été
officialisé par la circulaire Dati
(http://www.syndicat-magistrature.org/IMG/pdf/dacg054.pdf)

La gestion des mouvements de population est l’une des priorités du
gouvernement. Il s’agit notamment de sélectionner au plus près la
main-d’œuvre nécessaire à l’économie, ceci dans un contexte général
d’aggravation des conditions de vie. Cette sélection impose le
renforcement de l’enfermement des personnes dites indésirables, des
contrôles aux frontières et des rafles, des visas au compte-goutte et
l'intensification de la lutte contre celles et ceux qui d'une manière ou
d'une autre vont à l'encontre de la mise sous contrôle des mouvements de
population.
Ainsi, à Paris, la semaine des arrestations du 9 juin, pas moins de 100
personnes ont été mises en garde-à-vue dans le cadre du mouvement des
sans-papiers : les travailleurs en grève qui occupaient le parvis de
Bastille et les militants du 9ème collectif qui occupaient l’office de la
francophonie.
L'an dernier, ce sont plusieurs personnes d'origine afghane qui ont passé
96h de garde à vue au prétexte qu'ils auraient fait partie d'un réseau
d'immigration clandestine en bande organisée. Ces personnes demandeuses
d'asile qui ont fait l'objet de dépêches victorieuses du ministère qui
annonçait « le démantèlement d'un réseau très structuré » étaient
simplement allées acheter des billets de train pour des amis récemment
arrivés d'Afghanistan...
Dans la même intention qui fait que les ministres de l’Intérieur de
l’Union Européenne multiplient les rencontres pour intensifier la lutte
contre une même menace « l’immigration clandestine et le terrorisme »
fabriquant ainsi un même ennemi, l’étranger, les luttes de solidarité avec
les sans-papiers tendent à se transformer en « associations de malfaiteurs
» ou « bandes organisées » qui feraient planer des menaces terroristes.

Qu'à cela ne tienne, que ce soit à l'occasion du futur procès en appel des
personnes inculpées pour l'incendie du centre de rétention de Vincennes ou
plus largement contre ceux qui enferment, exploitent, expulsent, ne
lâchons rien.... en tout cas pas notre seau de colle ni notre pinceau !

(1) par les multiples caméras de vidéosurveillance qu’il y a dans les
rues, les postes, les banques…
(http://www.paris-sans-videosurveillance.fr/spip.php?article170)

(2) statut qui permet à la justice de mettre en examen à tout moment et de
garder les gens dans la procédure. Donne droit à être assisté d’un avocat.


Liberté pour tous avec ou sans papiers

Fermeture des centres de rétention

Liberté de circulation et d’installation


Collectif de solidarité avec les inculpés de la révolte de Vincennes
Liberté-sans-retenue@riseup.net"

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