mardi 23 novembre 2010

Avoir le courage de se rebeller

"Texte traduit de l’allemand d’une affiche trouvée sur les murs de plusieurs villes de Suisse. On pourra trouver l’original sur le site anarchiste An die waisen des existierenden (les orphelins de l’existant).

Je marche dans la rue, et je me rends compte à nouveau à quel point la police est présente. Ça fait maintenant partie du quotidien, c’est même devenu une banalité qu’elle arrête des gens dans la rue, qu’elle les contrôle, qu’elle les harcèle, et les évacue.

La police vise des personnes qui peuvent correspondre au profil du criminel. Le criminel, c’est celui qui, pour quelque raison que ce soit, ne veut pas, ou n’a pas la possibilité de s’intégrer dans la société. Être intégré, ça signifie posséder des papiers en règle et fonctionner correctement dans le système économique, autrement dit, se faire exploiter quotidiennement en tant que force de travail. La société nous apprend à être redevable vis-à-vis du travail et à ressentir la consommation comme une liberté dans la grisaille quotidienne. Celles et ceux qui ne s’y ajustent pas sont puni-e-s, parce qu’ils/elles sont les "mauvais-es" aux yeux de cette société. Ils/elles sont "mauvais-es" parce qu’ils/elles peuvent mettre en péril le fonctionnement du système. Ils/elles servent aussi de mauvais exemple pour justifier ce qui est affirmé comme "bien".

C’est précisément sur ce principe qu’est basée l’ "initiative pour le renvoi" [1] : on distingue les bon-ne-s des mauvais-es migrant-e-s. Les "bon-ne-s" migrant-e-s sont ceux qui essayent de s’intégrer dans la société et qui servent l’économie du pays.

Beaucoup pensent que les migrant-e-s doivent être redevables de pouvoir vivre en Suisse. La migration est pourtant en premier lieu une conséquence de la terreur économique et politique des régimes sévissant là-bas, en accord avec et au profit des pays riches. Nombre de réfugié-e-s pensent pouvoir trouver le bonheur en occident, mais doivent finalement y supporter les mêmes conditions d’exploitation que celles qu’ils/elles avaient fuies. Ils sont ici une force de travail à bon marché - dans une masse contrôlée - totalement "utile".

Par ailleurs, ils/elles servent de bouc-émissaire pour justifier les problèmes sociaux et les insatisfactions de chacun-e. Le climat raciste est ravivé par des images simplistes de l’ennemi (le criminel sexuel, la profiteuse de l’aide sociale). Ce qui se cache derrière cette image du/de la "mauvais-e" migrant-e, c’est qu’au fond, ce sont les mêmes autorités et les mêmes rapports sociaux, que l’on soit suisse ou migrant-e, qui déclenchent notre insatisfaction. On dit qu’ils/elles seront expulsé-e-s pour garantir la sécurité de tou-te-s. En vérité, celles et ceux qui sont poursuivi-e-s, enfermé-e-s et expulsé-e-s pour être de "mauvais-es" migrant-e-s sont celles et ceux qui ne satisfont pas les exigences de l’économie ou qui ne veulent pas s’intégrer et se faire exploiter. La sécurité signifie donc en premier lieu la sécurité de celle/celui qui profite de cette économie - celle des riches et des puissants. Et nous n’avons assurément aucun intérêt à ce qu’elle perdure.

Nous nous sentons liés et voulons nous battre avec tout-e-s celles et ceux qui se rebellent contre les centres de rétention, avec tout-e-s celles et ceux qui refusent les contrôles d’identité et qui n’acceptent pas l’autorité de la police, avec tout-e-s celles et ceux qui ne reconnaissent pas la loi, parce qu’elle défend l’exploitation. avec tout-e-s celles et ceux qui ne veulent pas se faire exploiter.

Notes

[1] Ndt. Initiative populaire « Pour le renvoi des étrangers criminels (Initiative sur le renvoi) ». Arrêté fédéral concernant l’expulsion et le renvoi des criminels étrangers dans le respect de la Constitution"



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