mercredi 6 juillet 2011

Toulouse: un commando contre l’incarcération des mineurs vandalise la PJJ

"Un commando d’une dizaine de personnes masquées a vandalisé mardi la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), à Labège, en banlieue toulousaine, pour manifester contre l’incarcération des mineurs, a déclaré le procureur sur place.
L’intrusion, qui s’est déroulée vers 11h15 et n’a duré que cinq minutes, avait d’abord été dénoncée par le syndicat CGT de la PJJ dans un communiqué annonçant qu’il allait porter plainte contre les intrus.

Ceux-ci ont au passage aspergé de gaz lacrymogène un salarié qui voulait s’interposer et qui a dû être brièvement soigné à l’hôpital, a indiqué le procureur de la République Michel Valet, lors d’un point de presse improvisé.
Cette action a eu lieu alors que le Parlement s’apprête à adopter une refonte de l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs, qui comprend notamment la création d’un tribunal correctionnel pour les récidivistes de plus de 16 ans, pour des délits passibles de plus de trois ans de prison.
Tandis que les gendarmes, assistés de la police scientifique, menaient déjà l’enquête pour identifier les membres du commando, tous les représentants de l’Etat -préfet, directeur national de la PJJ, procureur de la République- se succédaient mardi après-midi à Labège.
« C’est un lieu un peu sacré. Il est très important de réagir. Nous avons une volonté très forte de retrouver les auteurs de ce geste inacceptable », a déclaré M. Valet.
Selon les témoignages rapportés par le procureur, « une dizaine de personnes cagoulées, gantées, ont fait irruption par plusieurs entrées dans les locaux du pôle territorial de formation de la PJJ et de la direction interrégionale. Ils ont déversé un liquide à forte odeur ammoniaquée, renversé des meubles, usé de gaz lacrymogène ».
« Ils étaient très organisés, tous en noir, et n’ont pas dit un mot. Ils sont repartis aussi vite. C’étaient plutôt de jeunes majeurs que des adolescents », a rapporté Jean-Philippe Balocco, DRH de cette unité de 40 salariés, qui n’accueille aucun jeune.
Pour Patrick Autié, directeur de cet établissement, « cela fait penser à une action politique, pas aux mineurs dont on s’occupe ».
Sans donner de précisions sur les premiers éléments de l’enquête, M. Valet a indiqué que les assaillants avaient laissé des inscriptions et des tracts parfois injurieux « contre l’incarcération des mineurs ». Il s’est refusé à en donner le libellé, car ils sont saisis par la police scientifique.
Selon la porte-parole de la CGT, Emmanuelle Tarissan, on pouvait lire notamment « nique la justice,… porcs ». La CGT fait état d’inscriptions hostiles aux établissements pour mineurs (EPM), les rapprochant de tags récents sur les murs d’un de ces EPM à Orvault (Loire-Atlantique).
Le procureur, comme la syndicaliste, ont fait état du « traumatisme » du personnel.
Les EPM ont été secoués par une série d’incidents au cours des dernières semaines, notamment à Lavaur (Tarn), provoquant plusieurs mouvements de protestation des surveillants et des éducateurs, qui se plaignent de la pénibilité de leur travail.
Les EPM, ouverts en 2007-2008, ont une capacité de 60 détenus de 13 à 18 ans chacun. Censés oeuvrer à la réinsertion de mineurs condamnés ou prévenus, ils se distinguent par le fort encadrement des détenus, entourés de dizaines de surveillants, d’agents de la PJJ et d’enseignants.

Leur presse – Le Parisien (avec AFP), 05/07/2011"

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