vendredi 26 août 2011

Reprise des activités

Le blog reprend après une petite pause motivée par diverses raisons. N'hésitez pas à envoyer des liens vers des textes vous paraissant dignes d'intérêt. A bientôt, et en avant, dans la rage et dans la joie.

London calling

"Un appel à d’autres révoltés sur le continent, à mettre le feu à la poudrière

La capacité de l’homme à s’adapter aux circonstances ne connaît pas de limites. On peut lui imposer un milieu des plus affreux, fait de misère, de pauvreté, de prison ; lui enlever toute perspective de vivre une vie pleine et passionnée, tout espoir ; l’encourager même à commettre les actes les plus vils au nom de la patrie, de la morale, du maintien de l’ordre, et il ne bronchera pas. Il regardera ses pieds et s’adaptera aux circonstances. Cette capacité est le fil qui traverse toute l’histoire humaine, c’est le fil de la résignation, de l’acceptation de l’inacceptable, l’effacement de soi-même au nom du « moindre mal ».

Mais il n’en est pas toujours ainsi, et il n'en sera jamais toujours ainsi. Ça aurait pu se passer autrement, là-bas en Angleterre, à Londres dans le quartier de Tottenham, où Mark Duggan a été tué par les balles de la police qui voulait l’intercepter. Ça aurait pu ne rien provoquer, engendrer quelques pleurs peut-être, mais rien de plus. Sauf, ça ne s’est pas passé de cette manière, l’acceptation de ce énième meurtre policier a dû faire place à une explosion de rage qui a vite embrasé quasi toutes les grandes villes d’Angleterre. « Londres mis à feu et à sang » titraient les journaux pour décrire la colère. « Londres aux mains des émeutiers et de pillards » disait-on pour décrire les innombrables attaques contre des magasins, des supermarchés, des centres commerciaux, des bâtiments de l’Etat, des commissariats de police, des écoles et des milliers de gens qui ont déclenché une fureur qui fait d’une certaine manière écho à ce qui s’était passé en novembre 2005 en France ou encore en décembre 2008 en Grèce.

Cette révolte en Angleterre a éclaté avec une violence telle qu’on pourrait dire qu’elle contient toute la violence vécue au quotidien, dans tous les rapports sociaux. La violence du travail, de l’environnement empoisonné, de la concurrence effrénée entre tout le monde, de la misère, du loyer, de l’école, de l’Etat,… a trouvé aujourd’hui en Angleterre un écho dans la rue, un écho de révolte qui se met en contre, directement, sans dialogue politique aucun, sans trêve ni paix possible. Et si des saloperies ont bien pu se passer lors de cette révolte, comme ne cessent de répéter les médias, les défenseurs de l’ordre, le « soutien critique » de la gauche, les réformistes, les humanitaristes, la question reste de savoir ce qui est crapuleux et pourquoi ça l'est. Les opinions différeront. Mais il faut être clair que ces actes ne sont rien comparées aux saloperies qui se passent tous les jours, justifiées et stimulées par le pouvoir (massacres, guerres, tortures, exploitation,…) ou par l’ordre social dans son ensemble (violence domestique, concurrence jusqu’à la mort, drogues et antidépresseurs pour oublier,…). Ils sont beaucoup plus un prolongement, un ombre d'un monde trop amoché qui puni le choix de ne pas vouloir marcher avec l'anathème du fou ou du criminel. Dans ce sens, on pourrait dire que la violence d’une révolte est libératrice quand elle se dirige contre ce qui nous opprime et enferme et qu'elle se différencie de la violence du pouvoir et de la société dans le sens qu'elle détruit des obstacles pour ériger un monde sur d’autres bases, tandis que le deuxième enchaîne, assujettit, protège l’ordre existant.

London Calling, cette première grande révolte à l’intérieur de l’Europe depuis les soulèvements dans le monde arabe. C'est peut-être un signe précurseur que les temps à venir seront marqués par de forts conflits, qui vont opposer ceux qui veulent maintenir l’ordre social actuel, et ceux qui veulent le renverser – sans peut-être encore savoir exactement ce qu’ils veulent mettre à la place. Mais la révolte doit de toute façon partir du négatif, de la négation de ce qui existe, pour libérer de l’espace et du temps pour construire d’autres rapports sociaux. Nous, anarchistes, voulons sans détours la destruction de l’ordre actuel fait d’exploitation, de riches et de pauvres, d’autorité qui écrase toute liberté sauf celle d’obéir aux chefs, de rapports asphyxiants entre les hommes, et nous n’avons pourtant pas de plan précis pour le remplacer. Mais par contre, nous avons un rêve et un désir de liberté qui nous pousse au combat. Dans ce combat, on peut rencontrer d’autres révoltés qui sont sur leur chemin à eux, et forger des complicités et des relations qui contiennent déjà en soi les germes d’un autre monde.

London Calling, car cette révolte n’est pas seulement un signe précurseur, mais aussi un appel à déchaîner les mauvaises passions. A ne plus avoir peur d’affronter ce qui détruit nos vies, d’arracher le masque aux moralismes qui condamnent les gens quand ils s’insurgent, et les louent quand ils commandent ou obéissent, de laisser nos yeux s’illuminer par le feu qui doit embraser ce monde putride. London Calling, un appel à d’autres révoltés sur le continent, à mettre le feu à la poudrière."

http://journalhorsservice.blogspot.com/

PDF du numéro 21 du journal : http://horsservice.wikidot.com/local--files/start/Horsservice21.pdf

Festival résister à la psy


Danemark – cinq compagnons en prison accusés d’attaques « terroristes » en vue de déstabiliser l’État

"Aujourd’hui, après quatre mois d’emprisonnement, nous avons finalement eu vent des charges à l’encontre de nos amis et compagnons au palais de justice. Les cinq, qui furent arrêtés le 26 avril 2011, sont officiellement accusés d’avoir menés un certain nombre d’attaques incendiaires : Contre le QG de la Nordea bank [1], le commissariat central de Copenhague, l’ambassade de Grèce, une école de police, deux compagnies de fourrure et de nombreuses autres banques à Copenhague. Alors que certaines parties du verdict étaient attendue suite à diverses déclarations de la police, la pire nouvelle c’est que l’affaire est passée de simples incendies à des actes de terrorisme, appuyé par les lois antiterroristes danoises de 2002. Les cinq ont donc été accusés de tenter de déstabiliser l’Etat et la police à travers ces attaques.

Ils seront aussi jugés pour des tentatives d’incendie et d’attaques (qui n’ont supposément jamais été menées - du à leur incarcération) contre le bâtiment du parlement, la garde royale de la reine du Danemark, le palais de justice, et une secte fondamentaliste chrétienne [2]. L’absurdité de ces dernières accusations montre bien le ridicule de toute cette affaire et comment la police a fait d’elle un outil politique.

De récentes enquêtes menées par des groupes antifascistes ont révélés l’existence d’un groupuscule secret d’extrême-droite qui a noué de nombreux liens dans la police, le gouvernement, les partis nazis, ainsi que des groupes fascistes de hooligans. La police a fabriqué ce « groupe terroriste de gauche » pour détourner l’attention de ces récentes découvertes et pour entretenir la peur avant les élections nationales. Les cinq continuent de nier toutes les charges, tout spécialement les dernières allégations les plus ridicules.

En tant qu’anarchistes opposés tant à la prison qu’à l’Etat, nous affirmons notre soutien aux compagnons et amis dans leur lutte contre l’Etat. Parce que nous n’avons pas pu leur parler librement depuis leur incarcération, et parce qu’il leur a été empêché d’écrire des lettres ou des déclarations publiques, nous sommes derrière eux dans leur déni des faits, alors qu’en même temps nous soutenons les actes eux-mêmes comme des moyens valides de résistance. Peu importe donc qu’ils soient innocents ou coupables aux yeux de l’Etat, ils ont été jetés dans ce conflit avec l’Etat et ont décidés de lutter pour leur liberté. Nous appelons à une solidarité internationale directe avec les prisonniers.

A la fin de l’audience, les prisonniers restent en prison pour encore minimum un mois, et possiblement jusqu’à la fin de leurs procès. Leurs noms n’ont pas été rendus publiques à la demande de leurs avocats [3], mais ils sont les amis et compagnons de nombreuses personnes qui luttent à Copenhague. Vous pouvez quand même leur écrire des lettres en les envoyant par mail à solidaritetshilsner@gmail.com. Elles seront imprimées et données à un des cinq. Leurs parloirs sont contrôlés, tout comme le courrier, intégralement lu par la police. Tous parlent bien l’anglais et le danois. Aussi, toute expression de solidarité est la bienvenue.

Personne n’est oublié dans la lutte contre le capitalisme et l’Etat !

Quelques anarchistes de Copenhague
Traduit de l’anglais (et annoté) par nos soins depuis waronsociety.
Notes

[1] Seconde banque du Danemark.

[2] Ndt. Responsable de l’expulsion du squat Ungdomshuset en 2007 à Copenhague.

[3] Ndt. Nous posons la question : est-ce bien à des avocats de décider pour des anarchistes ?"

http://non-fides.fr/?Danemark-cinq-compagnons-en-prison

Sans murs, ni horizon

"L'Europe n'est pas tout a fait une citadelle ni une forteresse, mais plutôt une sorte de piège à loup, qui se referme une fois qu'on y a déjà posé le pied.

Lorsqu'on va aux confins extrêmes de cette Europe qu'on se plait à présenter comme l'Eldorado des pauvres du Monde, on s'imagine trouver des fortifications et des herses, ou quelque chose qui ressemble à une barrière matérielle infranchissable. A l'endroit où, sur les cartes, sont dessinés des pointillés menaçants, on croit souvent trouver des pylones de métal, plantés dans le sol et reliés entre eux par des barbelés. Nos cours d'histoire sont remplis de ces images romantiques d'empires enfermés derrière des murailles infranchissables, seules défenses face à l'ennemi : le mur d'Hadrien, la muraille de Chine, le rideau de fer ou le mur de Berlin. Nous avons grandi avec l'idée que les puissances ont besoin de pierres et de barbelés pour s'enfermer. Notre représentation du Monde contemporain, alimentée par des images de guerre et de terreur, part du principe – archaïque - qu'on arrête les hommes avec des murs et des canons. Pourtant il n'en est rien. Les frontières de l'Europe sont translucides, immatérielles, invisibles. Et la guerre livrée à « l'envahisseur » est imperceptible et silencieuse.

Quand vous marchez sur les pointillés de la carte, vous ne trouvez que des champs ou des cours d'eau. Il n'y a pas de rupture, pas de changement de paysage. D'un côté comme de l'autre de la ligne, c'est le calme absolu. Il faut bien l'admettre, les Etats n'ont pas besoin d'ériger des enceintes pour se protéger : la modernité a apporté toute une panoplie de moyens bien plus efficaces et socialement acceptables pour endiguer « l'invasion » et combattre les « indésirables ». Il n'est désormais plus nécessaire de heurter la sensibilité des populations locales en réalisant des saignées dans le paysage, d'engager des grands travaux qui posent question aux élites intellectuelles et effraient le quidam. Assurer l'intégrité territoriale et protéger l'espace vital européens ne nécessitent plus de construire des barricades.

Désormais, la guerre à l'Autre se fait dans le silence de la nuit, à l'insu de l'homme-à-la-conscience-tranquille, à renfort de sondes et de drônes, de bornes biométriques et de détecteurs de mouvements. Le mur est technologique. Invisible, mais pas indolore. A défaut d'avoir des soldats en position, la frontière contemporaine se dote de policiers en perpétuel mouvement, de RABIT1 en patrouille. Les envahisseurs n'entrent plus à cheval, mais rampent dans les herbes et courbent l'échine pour se rapprocher de la froideur du sol, espérant échapper à l'oeil infatiguable des caméras thermiques. Leur rencontre avec la police n'est plus hasardeuse, mais anticipée, telle une frappe chirurgicale : leur parcours est surveillé depuis le ciel, par un des ovni2 de la police aux frontières. Ce n'est pas anodin si le migrant est comparé, dans la presse et la littérature, à une ombre, une silhouette. Sans papier, donc sans identité, il ne peut se déplacer librement que dans les interstices laissés par les outils du contrôle. A l'ère des hautes technologies, ces interstices se réduisent chaque jour un peu davantage, et avec eux la liberté de circuler librement. Le mur a laissé la place au filet. Sans le savoir, celui qui a franchi les pointillés est déjà pris dans la nasse.

Après, tout n'est qu'une question de temps. Le temps avant d'être attrappé, le temps avant de sortir de rétention, le temps avant d'arriver au but, le temps avant d'obtenir les papiers, le temps avant d'être accepté, intégré, assimilé, puis digéré par « l'Occident ». Des mois, des années, une vie entière pour obtenir seulement le droit d'être là. Les murs n'ont plus de réalité matérielle, mais sont partout autour de nous, dans la tête des européens, dans le coeur des étrangers, douloureusement éternels.

Les frontières ne sont plus matérialisées, parce qu'elles n'ont plus besoin d'être représentées. Elles sont dans les mentalités, au coeur de notre rapport à Autrui. On croit que les murs incarnent la puissance des Etats, alors qu'ils ne sont que leur défaite. L'Etat a vaincu idéologiquement lorsqu'il n'a plus besoin de murs pour se protéger, lorsque chacun de ses administrés se présente comme un obstacle à l'Autre. En Occident, la souveraineté du territoire est assurée par sa population elle-même, car chacun y a appris à craindre l'étranger, à s'en méfier et à lui opposer des barrières infranchissables. « On ne peut pas accueillir toute la misère du Monde... » : cet égoïste aveu repris en choeur ou tacitement accepté par la plus grande majorité des européens constitue le meilleur argument idéologique en faveur du repli communautaire. L'Autre, quelle que soit sa misérable condition, n'est perçu que comme un danger potentiel, une menace envers l'équilibre des forces. Bien qu'il soit obligé d'entrer en rampant, il est considéré comme un ennemi, parce qu'il apporte une façon d'être et un mode de vivre qui n'est pas identique à celui cultivé en Europe depuis l'antiquité.

Tout européen, s'il ne s'oppose pas à la traque aux étrangers, se rend complice d'une abominable croisade idéologique qui, bien qu'elle se passe de remparts et de meutrières, ne fait pas moins de morts pour autant.


Même sans murs, l'Europe manque cruellement d'horizon. "

http://interstice.over-blog.org/article-sans-murs-ni-horizon-80061141.html

[Brochure] Notre individualisme

http://ravage-editions.blogspot.com/2011/08/notre-individualisme-et-autres-textes.html

Notre Individualisme

"« Le sage considère la société comme une limite. Il se sent social comme il se sent mortel. »
Han Ryner, 1903.

Si le mot « individualisme » peut paraitre confus de nos jours, c’est que des décennies d’âpre propagande sont passées par là, qu’elle soit capitaliste, libérale, bourgeoise ou marxiste et anti-capitaliste. L’individualisme, c’est chacun pour soi et dieu pour tous, c’est l’atomisation engendrée par l’inconscience de classe, la perte des idéaux collectivistes au profit de l’égoïsme à courte vue et de la réussite sociale ou encore un symptôme du malaise de la société moderne. Voici, pour faire court, les quelques stéréotypes auxquels nous devons, anarchistes individualistes, faire face. C’est pourquoi, il me semble aujourd’hui nécessaire de défaire quelques nœuds en exposant ce que j’entends par là et ce que je combat. Il faut rester conscients cependant, que rarement un terme n’aura autant été débattu, approprié et réapproprié que celui d’« individu ».

L’individu, pour moi, n’est pas une unité transcendantale, une conception mystique, spirituelle ou métaphysique sur laquelle disserter sur les bancs moisis des universités. C’est une réalité vivante, en mouvement, qui ne se fige pas dans la certitude d’une idéologie ou de croyances. En cela, pour l’anarchiste individualiste, l’anarchisme n’est pas une cause pour laquelle l’individu doit se sacrifier. Au contraire, ce sont les idées anarchistes qui doivent servir mon individualité. Je peux citer Max Stirner plutôt que de le plagier : « Foin donc de toute cause qui n’est pas entièrement, exclusivement la Mienne ! Ma cause, dites-vous, devrait au moins être la « bonne cause » ? Qu’est-ce qui est bon, qu’est-ce qui est mauvais ? Je suis moi-même ma cause, et je ne suis ni bon ni mauvais, ce ne sont là pour moi que des mots. Le divin regarde Dieu, l’humain regarde l’Homme. Ma cause n’est ni divine ni humaine, ce n’est ni le vrai, ni le bon, ni le juste, ni le libre, c’est — le Mien ; elle n’est pas générale, mais — unique, comme je suis unique. Rien n’est, pour Moi, au-dessus de Moi ! » (Max Stirner, L’Unique et sa propriété, 1845)
C’est ainsi qu’il posa l’une des fondations les plus solides de l’individualisme :
il n’y a pas de Cause Supérieure, et lorsqu’un idéologue nous en impose une, nous lui opposons notre propre cause, c’est à dire nous-mêmes et notre liberté qui pour respirer doit aussi s’épanouir, à coté ou avec les autres, dans leur combat mené pour leur propre liberté.

C’est cette libre-association, dans laquelle peut respirer notre liberté indissociable de celle des autres, que nous opposons à l’Etat et aux formes étatiques.

C’est Bakounine qui disait, « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m’entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C’est au contraire l’esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c’est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d’homme, mon droit humain, qui consiste à n’obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l’assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s’étend à l’infini » (Bakounine, Dieu et l’Etat, 1882). Lui aussi préfigurait alors l’anarchisme tel que nous l’entendons ici.

Est-il encore nécessaire après tout cela, de préciser qu’il ne s’agit pas d’un « seul contre tous », de soi contre les autres individus ? Il semble que oui, si l’on tient compte de lectures contemporaines.
Si tant est que nous ayons des modèles, ce qui entrerait en conflit avec nos principes, le mythe Scarface/Tony Montana n’en serait pas un. Car là où celui-ci, pour sortir du troupeau le détruit et en provoque l’holocauste, nous opposons la volonté d’en finir avec le troupeau par la transformation de ses moutons en individus. Nous voulons être libres, ensembles, avec pour carburant l’entraide. L’exemple pré-cité est un peu l’archétype selon moi, de l’« individu » au sens libéral et bourgeois, muni d’une caution gangstériste à deux-sous, je n’ai rien à voir avec cela.

L’anarchiste individualiste part de lui même pour s’opposer à la domination, c’est à dire qu’il ne se définit pas par une quelconque condition ou appartenance qui le dépasserait, qu’elle soit identitaire, sociale, de naissance, ou idéologique. On peut dégager comme principe de base, tant que possible, que l’individualiste s’« engendre » lui-même. C’est à dire qu’en dehors de ses choix conscients et de son éthique personnelle, rien ne peut le définir, le délimiter, le classer. C’est parce que je suis individualiste que je ne reconnais pas le principe de « nature humaine » dans sa conception Rousseauiste (l’homme est naturellement bon, c’est la société qui le corrompt) comme dans sa conception Hobbésienne ( l’homme est naturellement et instinctivement mauvais, il est un loup pour l’homme, une instance supérieure est nécessaire pour contenir sa dangerosité naturelle). Précisément, la nature humaine est un concept qui détermine l’individu hors de sa volonté, qui fait de ses choix des non-choix et surtout, qui sert d’excuse à des comportements autoritaires et donne raison au principe même d’autorité, le rendant nécessaire. C’est parce que l’humain serait « naturellement » et structurellement incapable de se contrôler, de ne pas assaillir son prochain, que des institutions comme la Police et l’Etat existent. C’est comme cela que l’on nous a fait intégrer et digérer l’idée de l’autorité comme chose nécessaire, qui ne peut pas ne pas être.

Seulement, si la nature humaine n’existe pas, qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes ?
J’affirme sans sourciller que ce que je suis intrinsèquement n’est que la somme de mes actes, de mes expériences, de mes choix et de l’exercice de mes responsabilités. Bien entendu, rien de tout cela n’est isolé du reste de la société ou des choix des autres individus qui la composent, et si cela influence mes choix, cela ne les détermine pas pour autant. Sinon, comment expliquer que face au même choix et avec le même bagage « social » et « culturel », deux individus peuvent faire deux choix diamétralement opposés ? C’est contre le déterminisme social – celui des sociologues, des communistes et autres collectivistes – que la sensibilité individualiste s’érige, c’est-à-dire qu’elle se construit aussi par réaction contre une réalité sociale à laquelle je ne peux ou ne veux pas me plier tout en affirmant la prééminence de l’individu sur les groupes sociaux qui uniformisent, nivellent, s’organisent en pouvoir et tendent à subordonner les gens à des chefs ou à des dogmes. Le rejet des identités attribuées sans consentement et souvent dés la naissance (chrétien, juif, musulman, noir, arabe, blanc, français, hétérosexuel etc.), est à mon avis la préhistoire d’une individualité.

Il me parait maintenant clair et compréhensible, et je pense que le lecteur s’y retrouvera, que l’Individu, de fait, s’oppose à la Société mais aussi à tout groupement social, comme les communautés, les castes, les classes, les races, idéologies ou tout autres généralités auxquelles l’individu est sommé de s’intégrer en laissant de coté ses particularités, son unicité indivisible et irrécupérable : ce qui fait de l’individu un individu.

Cependant, l’antagonisme qui existe entre société et individu, ne fait pas non plus des individualistes des ermites, des apôtres de la solitude, ni non plus des êtres entièrement insociables. D’abord parce que l’anarchisme individualiste propose en second lieu (après l’affirmation de l’unicité de l’individu), la libre-association. L’individu n’est pas un être seul, et mon individualisme ne peut s’exprimer que par la reconnaissance de ma propre unicité d’abord, et ensuite, de celle des autres. C’est pour cela que je souhaiterais apporter quelques nuances à ce sujet. Si lorsqu’il est privé de la libre-association, l’anarchiste individualiste n’est quasiment rien, il reste un être seul dans le sens où il possède la capacité d’être « seul » au milieu d’une foule, voire même au sein de l’association elle-même ; et cela parce qu’il ne rend de compte qu’à lui-même, et agit selon son éthique personnelle et pas selon une morale universalisée de force, sans que cela n’empêche l’entraide, la discussion ou autres apports collectifs. La libre-association anarchiste voit l’individu comme une unité alors que chez les communistes, par exemple, l’unité est formée par le groupe, les individus ne sont que des parcelles d’unité.

La société pourrait être la réunion des individus pour une œuvre commune, comme la subsistance. Mais dans ce monde, et dans toutes les formes de société qui ont existé jusque maintenant, je n’en vois aucune qui fut le produit du choix des individus qui la compose. Dans ce monde d’autorité et de domination, je ne vois d’ailleurs pas comment l’œuvre commune d’une quelconque société pourrait être autre chose que la conservation de richesses et l’auto-perpétuation des hiérarchies qui en forment le squelette par le biais de l’association forcée. Il parait d’ailleurs difficile de dissocier la forme sociale des normes qui s’y imposent, et donc des règles, et par extension du châtiment. En Société, il faut rendre compte de ses actes devant une autorité forcement supérieure, qu’elle soit imposée par une minorité à l’intérieur de la société ou par la société toute entière. Or, nous qui combattons toute forme d’autorité autre que l’autorité de soi sur soi-même nous pensons que l’individu ne doit être comptable qu’à lui-même de ses faits et gestes. Il doit lui même mesurer sa responsabilité, et je crois en cette capacité, sans que cela ne relève d’aucun mysticisme, bien que tout dans cette société nous fait tendre vers la déresponsabilisation ou alors vers la responsabilité collective et la culpabilisation individuelle, ces chimères moraliste qui ne peuvent servir d’autres intérêts que ceux d’une auto-flagellation permanente et stérile.

A ceux, classistes en premiers lieu, qui affirment que l’individu est une construction idéologique, je réponds que là où il n’y avait que des individus, conscients ou non de leur unicité, ceux-ci ont créé eux mêmes des schémas qui les ont subordonnés au groupement social classe. C’est là que se trouve l’idéologie, dans la volonté de créer au-dessus des individus, des entités censées les définir hors d’eux-mêmes, en préférant le définir par sa condition (avec toute la contingence que cela implique) plutôt que par ce qu’il a fait de lui-même, ses choix. Le déterminer à accomplir une tache, la révolution sociale par exemple, me parait être l’achèvement de cette négation de la volonté individuelle. Qu’y a-t-il de plus autoritaire au fond que de transformer des personnes en sujets d’étude ou en sujets politiques, de leur assigner une tache qu’ils n’ont pas choisis ? C’est aussi par individualisme que nous refusons toute forme de sacrifice, celui des guerres des Etats, des Causes Supérieures comme celui de la guerre de classe et sa chair à canon prolétarienne. La société communiste telle qu’elle nous est présentée par ses idéologues assermentés nous parait être l’une des pires solutions pour l’émancipation individuelle en ce que l’égalitarisme qui la gouverne rend impossible l’expression de nos différences, parce que l’égalité ne peut s’appliquer que par le bas, et donc aussi par le droit, cela nous l’avons appris de la démocratie et de ses rêveries paradoxalement si pragmatiques. Le droit, et son inévitable corollaire, le devoir, ne peuvent que nous asservir un peu plus à de nouvelles règles imposées d’ailleurs.

L’on pourrait croire que l’individualisme est une idée pacifique, elle l’a été pour beaucoup, notamment pour la frange dite « educationniste » de l’anarchisme individualiste de la Belle Époque (incarnée notamment par Armand, Ryner, Lorulot...) occupée à vivre en communautés ou a expérimenter de nouvelles formes de pédagogies à l’intérieur de ce monde. En ce qui me concerne, et pour deux raisons, ce n’est pas le cas.
Premièrement parce que dans ce monde où tout me subordonne, où mil choses se placent au-dessus de moi-même, l’individu n’a d’autres alternatives que d’être un iconoclaste, un briseur, un incendiaire, le dynamiteur passionné que craignent les architectes de la domination. Car celle-ci ne s’effondrera jamais d’elle-même, elle pourra se réformer, se transformer, se restructurer, se démocratiser, prendre des formes moins rugueuses, être intériorisée voire même réappropriée, mais elle ne s’arrêtera jamais de progresser tant que ne s’insurgeront pas contre elle nos désirs, par la pensée et par l’attaque physique et théorique de ses mécanismes. Dans ce monde, la libre-association doit servir à l’annihilation de l’existant sous toutes ses formes, qu’elles soient physiques ou bien qu’elles relèvent du mécanisme social ou moral.
Deuxièmement parce que dans un autre monde aussi (même si nous ne voyons rien poindre de ce genre), l’individualiste ne peut accepter la pacification des rapports inter-individuels. Éviter le conflit sera toujours une façon d’éviter de le régler.
Voici deux raisons qui font de l’anarchiste individualiste tel que je l’entends un être antagoniste et conflictuel embrassant la guerre sociale, accentuant les conflictualités plutôt que de les subir. C’est également ce qui fait que je puisse être à la fois individualiste et révolutionnaire.

Pour que les choses soient claires, et pour prévenir toute confusion, je ne crois pas en un quelconque surhomme ni suis-je partisan d’un individualisme aristocratique. D’abord parce que je pense que l’individualité et la conscience de sa propre unicité est accessible à tous. Aussi, parce que les théoriciens du surhomme (qu’il s’agisse de Nietzsche, de la littérature romantique ou du national-socialisme) n’ont inventé cette catégorie imaginaire que par goût de l’aristocratisme, dans la volonté de conférer à un groupement, une caste ou une oligarchie, un pouvoir justifié. Ce concept n’a d’ailleurs jamais servi à rien d’autre qu’à écarter certaines catégories du pouvoir et à en implanter d’autres. Parce que je suis anarchiste, je suis avant tout résolument acrate, et je ne souhaite pas remplacer une mentalité d’esclave par une mentalité de maîtres. Mon désir profond, au contraire, est de voir voler en éclat toutes ces catégories qui appartiennent à ce vieux monde, et donc, de faire la guerre à toutes les classes.

Pour moi, la tension anarchiste ne devrait pas se trouver entre égalitarisme et aristocratisme, mais entre émancipation individuelle et libre-association des individus.

Tel est mon individualisme.

Aviv Etrebilal, 2010."

http://non-fides.fr/?Notre-Individualisme

On ne cesse jamais d'apprendre

"Certainement, c’est une expression que l’on s’entend fréquemment dire; bien après les évènements des derniers jours, ou mois, ça serait le moment de la prendre plus en considération.

En effet, il y a quelques jours (lundi 1er août), à nouveau comme c’était déjà arrivé d’autres fois dans les mois précédents, mais avec plus de force et de décision, les migrants demandeurs d’asile du C.A.R.A. (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) de Bari-Palese, ont cessé de vivre dans l’ombre et dans les limbes bureaucratiques dans lesquels ils sont reclus, et ils ont protesté avec force contre la condition dans laquelle l’État italien les laisse croupir.

Il y a des personnes qui attendent depuis au moins sept mois de se voir reconnaître le statut de réfugié (ou au moins d’avoir d’avoir une réponse), mais dans le même temps, sans aucune nouvelle de l’État au sujet de leur requête, ils sont enfermés dans le C.A.R.A. avec de fortes limitations de liberté individuelle.

Dans les mois précédents, les rails des chemins de fer de l’État ont été plusieurs fois bloqués à hauteur de Bari-Palese, créant ce chaos nécessaire à qui n’a pas la voix pour se faire entendre.

Lundi 1er août, la protestation se répand en envahissant non seulement les rails mais aussi la route 16 bis, avec de fortes gênes sur le raccordement Bari-Foggia.

Nous ne pouvons que saluer avec joie et admiration le courage et la décision de gens qui sans avoir commis aucun délit sont contraints de croupir dans des camps entourés de fil barbelé et contrôlés par des militaires et la police.

Nous exprimons notre solidarité avec tous les migrants enfermés dans les C.I.E. et dans les C.A.R.A. afin que de ces lieux ne restent que des ruines.

Mais nous exprimons aussi notre solidarité aux rebelles du Val Susa qui continuent à lutter contre ceux qui voudraient assujettir un peuple et sa terre à leurs propres intérêts, ainsi qu’à toutes les populations arabes en révolte.

Et à la lumière de tout ceci nous nous demandons… de tous ces gens… ça ne serait pas l’heure de commencer à apprendre ?!

Affiche apparue sur les murs de Molfetta (Bari)
Traduit de l’italien (Informa-Azione, 4 août 2011)."

... feu à volonté !


[Brochure]Et nous serons toujours prêts à nous emparer encore une fois du ciel



Contre toute autorité...

"C’est la zermi couzin

Pas le temps de vivre, plus la force après des heures de taff à part pour allumer la télé, se lamenter autour de quelques verres de mauvais alcool, d’antidépresseur ou de Subutex, une petite prière et au lit. Sept heures de sommeil nerveux avant de recommencer la même journée de merde jour après jour, tout ça pour un peu de fric qui passera du porte monnaie du patron à celui du propriétaire, d’un commerçant quelconque aux caisses de l’Etat. Facile de tomber dans la dépression, facile de lâcher prise, d’accepter son sort et de se dire que rien ne vaut le coup, d’abandonner tout espoir d’autre chose, de ne plus se soucier, face à sa propre misère, du sort des autres. En quelque sorte, chacun sa merde. Hors de ma famille, de ma communauté, de mon clan, pas d’empathie, aucune solidarité. Au point où on en est, tant que le fric circule et qu’on peut en grappiller quelques miettes (allocs, petits business, minimas sociaux...) pourquoi penser au reste ? On peut aussi se créer l’illusion que la vie n’est pas si sinistre en se réfugiant dans le peu de satisfaction et de confort que la société veut bien nous laisser en échange de la paix sociale. De toute façon, avec deux mille ans d’esclavage derrière nous, pt’être bien que l’humain est fait pour vivre en cage, maître ou esclave.
Comme une caricature de ce que nous vivons tous un peu, par-ci par-là.

Poudrière

Vous vous dites peut-être que tout n’est pas si sombre, misérable et dépeuplé d’envie, ce n’est pas faux. Parfois des étincelles viennent mettre le feu à la poudrière pour prouver que ce monde n’est pas qu’un vaste cimetière peuplé de zombies. En Angleterre, il y a quelques semaines, c’est un torrent de révolte qui a ravagé les métropoles bien lisses et conformes. Il y a peu en France, et régulièrement encore, la rage rentrée du quotidien éclate à la gueule des patrons et de leurs flics avec pleine force. Clichy-sous-bois, Villiers-le-bel... La haine et la joie qui cohabitent dans un sursaut de vie. Récemment encore, ce sont les commissariats, les palais de justice, les préfectures, les prisons, les supermarchés qui ont cramé en Tunisie, Égypte, Syrie, Libye... et certainement pas pour les remplacer par des outils d’oppressions plus démocratiques.
Tout le temps éclatent des révoltes, dans les prisons, les écoles, les ateliers, les familles. Ici, un homme qui refuse les ordres de son patron ou de son sergent, là une femme qui place un boulon dans une chaîne de montage, ailleurs un enfant qui ne veut plus écouter ses profs ou un détenu qui refuse de réintégrer sa cellule.

Qui sont les idéologues ?

Ces révoltes, et même les révoltes en général, n’ont pas bonne presse. Alors on les rejette ou on les récupère. On tente de jeter le discrédit sur les émeutiers en les traitant de fous-furieux, de casseurs, de bandes, de gangs, de terroristes, manipulés par des idéologues. La révolte ne serait qu’une maladie ou un danger à traiter. On tente en même temps de jeter le discrédit sur les soulèvements en leur prêtant des intentions qu’ils n’ont pas : affrontements inter-communautaires, caractère ethnique, remplacement de dictateur etc. Ou alors on les récupère en y apposant sa propre idéologie : on dira que les révoltes au Maghreb cherchaient à instaurer des démocraties capitalistes calquées sur les modèles occidentaux, on dira que les émeutiers de novembre 2005 luttaient pour obtenir des CDI, on dira que les révoltes dans les pays placés sous tutelle du FMI ont pour but de redresser la barre économique du pays pour un capitalisme à visage humain. On récupère alors les indignés de la place Tahrir ou de n’importe quel autre endroit pour mieux rejeter les insurgés qui à côté refusent de tendre l’autre joue et rendent coup pour coup. On tente de placer des porte-paroles respectables : jeune diplômé, étudiant charismatique, avocat des droits de l’homme, politicien en exil, bourgeois philanthrope, mais tout cela n’est que piaillerie de journalistes et de politiciens.

Nous ne sommes pas bien intelligents, et pourtant. Pourtant, nous savons que tout est bien plus simple que cela. Plus que des constructions idéologiques, c’est le cœur qui nous dicte de briser cette paix, en dépit de notre petit confort. Il y a une logique implacable dans le fait de rendre les coups, de ne pas se laisser faire, de se révolter. Un réflexe vital, comme le chien qui mord la main du maître qui le bat avant de se demander s’il y a plus à perdre à la mordre qu’à se laisser battre.

Ce qu’il y a de plus sensé dans un monde insupportable c’est justement de ne pas le supporter ; et ce qu’il devrait y avoir de plus partagé entre nous, au-delà de cette misère commune, c’est bien la révolte contre cette misère, et la liberté qu’elle laisse entrevoir par les moyens utilisés et par les désirs qu’elle porte.

Ayons l’audace d’en finir avec ce monde, pour ne pas faire comme ceux qui sont morts de cette vie, persuadés que le courage consistait à la tolérer plutôt que de la défier.

La rébellion c’est la noblesse des esclaves.

Un peu de bon sens...

[Tract distribué à Paris, aout 2011.]"


http://non-fides.fr/?Contre-toute-autorite

La caravane des primaires du PS vandalisée lundi matin à Nantes

"Ouest France, lundi 22 août 2011

Une trentaine de personnes au visage cagoulé ont surgi ce lundi matin vers 11 h dans le quartier Bellevue, à Nantes, où était stationnée la caravane des primaires du PS. Elle venait d’arriver de Saint-Nazaire, une heure auparavant. Ils ont saccagé le camion : pneus crevés, vitres détruites...Du purin a été déversé dans la cabine du camion. Ils ont taggé le véhicule et crié des insultes à l’égard des militants du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) qui étaient présents.

Des coups ont été portés contre les militants qui tentaient de s’interposer. « Ils ont même essayé de renverser la caravane », explique un membre du MJS local. « C’était une opération commando qui a duré une à deux minutes. »

Cinq étrangers et un français âgés de 23 à 35 ans ont été placés en garde à vue à l’hôtel de police. Ils sont soupçonnés d’avoir participé au commando composé d’une trentaine de personnes qui a crevé les pneus, brisé les vitres et répandu du purin à l’intérieur du camion du PS. Ce commando s’était réclamé du combat contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. "

Caravane PS dégradée : 4 personnes en correctionnelle

"AFP, 24.08.2011, 15h05

Quatre personnes ont été renvoyées mercredi devant le tribunal correctionnel de Nantes pour le 24 novembre, après leur interpellation suite à la dégradation de la caravane des primaires du PS lundi à Nantes, a annoncé le procureur de la République de Nantes Xavier Ronsin. Cette caravane avait été attaquée lundi par une trentaine de personnes cagoulées qui se disaient opposées à la construction du nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, un projet soutenu par toutes les collectivités locales socialistes

Le véhicule avait été abîmé, taggé et un militant socialiste qui s’était interposé avait reçu un coup de coude occasionnant 5 jours d’Interruption temporaire de travail (ITT).

Après les faits, six personnes avaient été interpellées mais seules quatre avaient été maintenues en garde à vue où elles sont restées 48H00 avant d’être remises en liberté avec une convocation en justice. Une femme de nationalité anglaise, Rose Elle, 23 ans, devra répondre de "dégradation de bien par inscription, signe ou dessin, commise par une personne dissimulant volontairement son visage afin de ne pas être identifiée".

Jason Heath Mitchel "qui serait né en 1975 et de nationalité anglaise, qui avait donné un nom usurpé aux enquêteurs et prétendu être de nationalité australienne", sera poursuivi "pour fourniture d’identité imaginaire pouvant provoquer des mentions erronées au casier judiciaire", selon le procureur. James Parson "qui serait né en 1984 et serait de nationalité américaine mais s’appellerait en réalité Jason Paszek" sera poursuivi pour le même motif. Enfin ces trois personnes et un quatrième homme, Thomas Blake, né en 1984 et de nationalité anglaise, seront poursuivies pour "refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de police par personne soupçonnée de délit, d’autre part de refus de se soumettre au prélèvement biologique destiné à l’identification de son empreinte génétique".

L’enquête pour retrouver les autres auteurs des violences et dégradations se poursuivra dans les jours qui viennent, indique le procureur."

Marre de se laisser aménager !

"Indy Nantes, jeudi 25 août 2011

Tract distribué aux pique nique de mercredi midi [à Nantes] en soutien aux personnes en Garde à Vues soit disant pour l’action contre la caravane démagogique du P.S.

Quand on observe autour de soi, on voit beaucoup de béton, du gris, du rose, du vert, du bleu, le tout agrémenté d’asphalte. C’est le monde qu’illes veulent nous imposer. Chaque jour, à Notre Dame des Landes et ailleurs, le parti socialiste, Vinci, et leurs commandos républicains, orchestrent la destruction de milliers d’hectares de bocages et de zones de vie. Face à cela, accusées d’avoir dégradé la caravane de propagande socialiste, six personnes ont été interpellées à Nantes lundi 22 août aux alentours de midi, et sont susceptibles d’être poursuivies.

En isolant cet acte, les médias et les politicien.ne.s tentent à nouveau de décrédibiliser cette lutte qui dure depuis près de 40 ans, qualifiant certain.e.s opposant.e.s de violent.e.s, odieux.ses, bêtes et méchant.e.s.
Pourtant, décider du cours de la vie des gen.te.s, aménager, aseptiser et capitaliser, détruire des maisons au bulldozer et tout ravager... cette violence là paraît justifiable et est officiellement légitimée par le jeu démocratique.
Nous refusons de nous laisser entraîner dans cette distinction violence/non-violence, pacifisme/radicalisme, légalisme/illégalisme, légitimité ou non : car dans leurs bouches de politicien.ne.s, la violence n’est jamais du côté de l’Etat et des grands groupes comme Vinci. La violence n’est jamais de leur côté quand une personne se fait tabasser (quand illes cassent quatre côtes et perforent le poumon d’une manifestante - aéroport de Nantes le 27 juillet). La violence n’est jamais de leur côté quand illes expulsent quelqu’un.e. La violence n’est jamais de leur côté quand illes nous disent comment on doit vivre. En revanche, la violence qualifie toujours celles et ceux qui s’attaquent concrètement aux moyens matériels de leurs projets.

Cette stigmatisation médiatique a toujours existé dans les moments de lutte, comme en dehors, afin d’isoler des personnes, casser des solidarités, et justifier d’avance l’adoption de nouvelles lois, la répression et son arsenal politico-judiciaire.
Le jeu démocratique amène l’illusion que la vie/l’avis des personnes aurait du poids dans ce système. Un Non hurlé depuis 40 ans à Notre Dame des Landes ne semble pas retentir assez fort pour être pris en compte. Illes cultiveront cette illusion jusqu’au bout du projet afin d’éviter que l’on prenne conscience qu’une résistance active est notre seule prise. Ce projet d’aéroport est porté par ce parti saccageur (PS) et est déjà commencé par Vinci. Seules nos solidarités et notre détermination l’empêcheront.

Nous sommes solidaires avec toutes les personnes arrêtées, qu’elles aient participé ou non à ces actions.

NON À L’AÉROPORT
SOLIDARITÉ AVEC TOUTES CELLES ET CEUX QUI REFUSENT DE SE FAIRE AMÉNAGER LEURS VIES !
VINCI, PS, DÉGAGE !
MARRE DE SE LAISSER AMÉNAGER !"

http://cettesemaine.free.fr/spip/index.php3

Notre rapport de l'attaque du Evening Post à Bristol

"La nuit de jeudi, en dépit d'une présence policière forte dans le centre-ville et à travers Bristol nous avons cassé toutes les fenêtres du bas et quelques-unes des plus élevés au siège de l'Evening Post et décoré la façade avec des bombes de peinture. Le journal a estimé les dégâts à 20000 livres.


Les médias diabolisent ceux qui choisissent de résister et se battre, ouvrant la voie à davantage de répression pour nous tous. Ils tentent de détourner notre attention de la vie quotidienne et des voyous pilleurs - les flics et les capitalistes, qui ont l'habitude du vol à grande échelle et des assassinats. Cela fait partie de la stratégie de division des gouvernants pour nous craindre, nous battre les uns contre les autres et prendre parti avec les autorités contre les rebelles. Cette action a été faite par des gens qui ne sont pas dupes. Ils ne comprennent pas notre colère comme une force irrépressible qui ne sera pas arrêtée par des matraques ou des balles - nous battre avec tous les moyens pour un avenir de liberté que nous avons encore à connaître.

Lorsque les gants sortent et que la guerre sociale n'a jamais été aussi claire, la réponse de l'ennemi de classe sur les médias corporatifs est utilisée comme n'importe quelle autre arme contre nous tous, ceux qui veulent quelque chose de mieux pour nos propres vies et celles encore à venir.

Voyons voir les patrons et les politiciens sortir pour être vu avec des balais dans les rues - c'est leur désordre qui revient pour les mordre, les lignes sont tracées: c'est ce a quoi cette putain de société ressemble. "

http://nantes.indymedia.org/article/24200

https://actforfreedomnow.wordpress.com/2011/08/17/bristol-evening-post-targeted-by-vandals-uk/

Vendée : action péage contre le projet d’aéroport à NDDL (le 13/08/11)

" Le tract de l'action :

img_1610.jpg

Pourquoi cette action de péage gratuit ?

L'autoroute que vous venez d'emprunter est gérée par la société COFIROUTE, filiale du groupe VINCI, un des leaders mondiaux des travaux publics et de l'aménagement de l'espace.

Parmi toutes les nuisances occasionnés par ce groupe, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au Nord-Ouest de Nantes, est fortement contesté, depuis longtemps, par une partie des habitants de cette région de bocages (2000 hectares de terres agricoles), ainsi que par diverses associations écologistes, partis politiques ou syndicats. Ce projet de destruction d'un site naturel exceptionnel financé par les ressources publiques est cependant soutenu entre autres par J.M. Ayrault, maire de Nantes, membre du P.S. Une des raisons évoquées pour mener à bien cette ultime bétonnage de la nature est le soit-disant nécessaire « désengorgement » d'un premier aéroport, situé au sud de Nantes, ce qui est mensonger car cet aéroport est en partie sous-exploité.

La spécialité de Vinci est de spéculer sur nos déplacements sur le territoire. Leurs méthodes : expulser les gens des quartiers et des campagnes afin de bétonner et aseptiser nos espaces et nos vies, ainsi ils nous vendent le mythe du progrès.

Vinci voit ce type de projet comme une vitrine pour son image de marque, ses actionnaires et ses profits boursiers. Mais leur but propre est de concrétiser les projets de l'Etat de quadrillage et de contrôle de la société via la maitrise de l'espace, de nos espaces.

L'action qui est menée aujourd'hui rejoint de nombreuses autres actions menées durant ce week-end pour signifier aux groupes capitalistes, et aux politiciens qui les soutiennent, qu'il n'est pas question de les laisser prospérer davantage, mais plutôt de les mettre hors d'état de nuire.

Des indiens du bocage "

http://nantes.indymedia.org/article/24186

Péage gratuit contre Vinci à Montpellier

" Péage gratuit ce matin vers Montpellier dans le cadre de la campagne contre Vinci.

Un péage gratuit a eu lieu ce matin du 15 août au péage de St Jean de Védas, près de Montpellier, dans le cadre de la campagne lancée contre la multinationale Vinci.

Une cinquantaine de personnes ont permis à de nombreux vacanciers sur le retour (ou le départ) de ne pas enrichir ces méchants, durant une petite demi-heure, tandis que des affiches étaient collées un peu partout et que le tract suivant était distribué:

(précisons que les quelques tunes récoltées sont allées vers des caisses de solidarité pour aider ceux qui sont confronté à la répression.)

Péage gratuit!

Départ en vacances? Retour au turbin?

Vinci, premier opérateur autoroutier en Europe, s'assure que vous ne soyez pas trop dépaysés: le décor restera aussi insipide à l'arrivée qu'au départ. Partout, les mêmes aires de rpos, les mêmes parkings, les mêmes péages, les mêmes boutiques terroir... un univers où rien n'échappe aux caméras et à la logique économique.

Comme ses semblable (Eiffage, Bouygues, Bolloré et nombre d'autres entreprises...), Vinci modèle le monde selon ses intérêts, masqué derrière l'image du développement durable et du respect de l'environnement.

Chaque espace doit avoir son orientation économique, de la zone industrielle à la plaine céréalière, en passant par la région montagneuse, sa détente pour riches, son énergie bois et son gaz de schiste. Quand chacune des régions devient spécialisée, un schéma global de transport à grande vitesse s'impose et quadrille l'ensemble: lignes Très Haute Tension, Lignes à Grande Vitesse, lignes ADSL, fibre optique, autoroutes, ceintures périphériques, métros, tramways, ports maritimes, aéroports... que permettent et qui alimentent, d'autres grands projets tels que complexes nucléaires, barrages hydrauliques, terminaux pétroliers, mines, parcs éoliens, zones commerciales, grands stades, lotissements, zones touristiques...

Mais leur main-mise ne s'arrête pas à ces infrastructures qui avancent à grands coups de bulldozers. Derrière ces moult activités, des milliers de personnes sont exploitées: maçons sans-papier arrêté sur le chantier d'un centre de rétention, travailleur des mines d'uranium qui ramène la radioactivité dans son foyer, intérimaire enfermé dans une cabine de péage et qui n'a guère les moyens de partir en vacances...

Les réaménagements se font aussi au détriment de populations qui se retrouvent à devoir céder leur place: les pauvres sont chassés des centre-ville et cloisonnés dans les périphéries; les territoires, urbains ou ruraux, où ils subsistent, sont accaparés et bétonnés pour plus de profit.

Pour de telles réalisations, la recette est toute trouvée: les partenariats publics-privés (PPP). Ils permettent d'allier la légitimité démocratique, la maîtrise de l'ensemble géographique, les financements publics et les forces de l'ordre de l'État aux savoir-faire, réseaux et réalisme commercial des grands groupes privés. Ceux-ci prennent en charge l'ensemble des projets, de la construction à la gestion.

En 2009, le groupe Vinci participe à lui seul à 240 000 chantiers dans plus d'une centaine de pays? Ces projets, et ceux de ses concurrents, suscitent parfois des résistances locales...

A Cadarache (PACA), construction d'un réacteur expérimental de fusion nucléaire (ITER), en partenariat avec Areva.

A Notre-Dame6des-Landes (Pays de Loire), le projet d'un nouvel aéroport international « éco-labellisé » suscite de nombreuses protestations: terres occupées, actions de sabotage...

En Val Susa (Alpes italiennes), plusieurs tunnels doivent être creusés pour laisser passer le TAV (TGC Lyon-Turin). A l'heure actuelle, policiers et militaires tentent de défendre le chantier contre des centaines de personnes déterminées à stopper le projet.

A Khimki (Russie), les opposants à la construction de l'autoroute entre Moscou et Saint-Pétersbourg sont victimes d'une répression féroce (tortures, menaces, assassinats, attaques des forces de l'ordre et de milices fascistes...).

Vinci n'est qu'une des nombreuses pierres du système capitaliste. La cadence à laquelle leurs projets et leur fonctionnement quotidien écrase nos existences n'a d'autres freins que ceux que nous leurs imposerons.

Nous ouvrons ce jour les barrières d'un péage pour mettre un grain de sable, certes modeste, dans les rouages du monde qu'ils aménagent. Nous invitons ceux qui ne se résignent pas à agir de toutes les façons contre cette machine à broyer.

Puisque, ce coup-ci, vos euros ne tomberont pas dans les poches des actionnaires de Vinci, ils peuvent, si vous le souhaitez, servir à alimenter une caisse de solidarité avec les personnes qui se retrouvent dans les griffes de la répression.

Encart:

Vinci Concessions: parkings, autoroutes, tunnels, ponts, métros, trains, aéroports, équipements publics (campus, stades, hôpitaux...)

Vinci constructions: centrales nucléaires (80% du parc français), infrastructures hydrauliques (canaux, barrages...); traitement des déchets (incinérateurs, stations d'épuration, canalisations...), oléoducs, gazoducs, stockage de combustibles, prisons, bureaux, logements de standing...

Vinci Énergies: parcs éoliens et photovoltaïques, transport de l'énergie produite, technologies de communication, gestion urbaine (vidéo-surveillance, éclairage, public...)

Eurovia: infrastructures routières et ferroviaires, carrières.

Cofiroute, Sogea, Escota, Cegelec, Axians, Actemium, Autochim, Dumez, Viafrance, Saintrapt et Brice, Tunzini, Dodin Camenon Bernard, Thinet, GTIE, Adim, Fabre, GTM, Lola piscines, Hydroplus, Cofframat, Faceo, Géolis, Sol Environnement, Autoroutes du Sud de la France... "

http://nantes.indymedia.org/article/24180

lundi 1 août 2011

Grenzenlos , c’est...

"Notre désir est sans limites. Le désir d’une stimulation et d’un approfondissement de la discussion anarchiste. C’est la quête de cette cohérence s’échappant à tout moment. Entre les idées et les actes, entre la théorie et la praxis, entre le rêve et la réalisation. Car en elle, le monde que nous voulons commence à prendre forme déjà aujourd’hui. Dans la manière dont nous luttons.

Notre critique est sans limites. Dans le sens qu’elle est sans mesure et sans volonté. Mais aussi dans le temps et dans l’espace, donc internationale et historique. Comme une œuvre commune des insoumis, de partout, depuis toujours. En ne niant pas seulement les limites, mais en les explosant, pas seulement les limites théoriques, mais aussi les limites pratiques, pas seulement les limites que nous nous fixons nous-mêmes, mais aussi celles que l’on nous impose. Notre possible est sans limites. Contrairement aux résignés, cela se manifeste à ceux sentant une passion de subversion. Contrairement aux réalistes, cela parle à ceux qui préfèrent partir de leurs rêves, plutôt que de l’existant et des « moindres maux ». Cela s’accumule dans la révolte, dans l’insurrection tout en voulant aller sans limites au-delà.

Notre liberté est sans limites. Elle n’est pas une utopie ou, encore pire, un nouvel « ordre sociétal », mais un mouvement permanent vers l’inatteignable. Car toute idée, et donc aussi celle de la liberté, de l’anarchie, constitue une abstraction étant inatteignable en soi. Et c’est précisément là que réside sa valeur. La liberté est inépuisable. Elle est sans limites.

* En allemand, "grenzenlos" veut dire "sans limites" et "sans frontières".

La revue peut être téléchargée en pdf ici.

Source : An die Waisen des Existierenden

Traduit de l’allemand par Le Réveil"

http://lereveil.ch/contrib/grenzenlos-revue-anarchiste-de